Bonsoir
Le foyer s'éteignait doucement et la nuit se coulait entre les collines qui entouraient notre petit camp. Le chant de cigales s'estompait remplacé par celui des grillons. Peu à peu la fraicheur gagnait et bientôt nous dûmes dénicher les pull-overs au fond des sacs à dos. Les conversations languissaient et la fatigue s'empara soudain des membres de notre petite équipe. D'un commun accord nous décidâmes de regagner la tente et nous nous souhaitâmes bonne nuit. Les filles investirent le flanc gauche et s'endormirent presque immédiatement. Les garçons éteignirent le feu, vérifièrent une dernière fois la solidité de la tente et convinrent d'une répartition des tours de garde. Dans le milieu de la nuit, Manuel entendit comme un bruit de glissement. Il sortit et ne constata rien d'anormal. Les arbres majestueux semblaient avoir grandi et la clairière semblait plus petite. Manuel n'y prêta guère attention. Il lui sembla également que les crapauds avaient arrêté leurs coassements et que l'air s'échauffait un peu. Il regarda l'heure à la lueur de sa lampe de poche. Deux heures. Dans trois heures le jour commencerait à poindre. Il réveilla Simon qui devait assurer la garde suivante et se coula dans son sac à viande. Il ne trouva pas tout de suite le sommeil et ressenti à nouveau une sensation de chaleur et de moiteur. Pourvu que je ne sois pas malade pensa-t-il. Mais Simon entra dans la tente avec un air ahuri, il nous réveilla et annonça que le jour se levait déjà. Effectivement le soleil perçait à travers les arbres, très bas sur l'horizon. "Les collines, où sont les collines?" s'exclama soudain Jean Nous sortîmes tous quatre précipitamment: il n' y avait plus de colline, les arbres maintenant gigantesques étendaient leurs feuillages à plus de cent mètres du sol. Ils étaient alignés de façon régulière comme plantés par la main humaine. Le sol de rocailleux était devenu sablonneux. Nous nous élançâmes vers les confins de "la forêt". Devant nos yeux s'étendait un désert plat et desséché...
