Bonjour, Voltaire souligne l'absurdité de la décision judiciaire contre Calas, en démontrant successivement :
-
que c'était physiquement impossible pour le vieux père (68 ans),
handicapé de surcroît (jambes faibles et enflées), d'attaquer et de
pendre son fils âgé de 28 ans et d'une force supérieure à la moyenne,
-
que pour y arriver (en admettant que le père soit coupable), il lui
aurait nécessairement fallu des complices, à savoir les autres personnes
présentes (sa femme, son autre fils, la servante et un ami de la
famille, Lavaisse),
- que cette hypothèse est encore plus absurde :
jamais la mère n'aurait accepté de tuer son fils, jamais la servante
catholique n'aurait participé à un tel crime, jamais l'ami de la famille
n'aurait participé non plus (il n'était même pas au courant de la
conversion du fils Calas)
- que malgré toutes ces absurdités, quand
bien même un tel scénario eût été possible, à eux tous ils ne faisaient
pas le poids face au fils Calas : il y aurait donc forcément eu sur eux
des traces de coups, des vêtements déchirés, sans parler d'un combat
long et violent qui aurait ameuté tout le quartier.
Donc soit
tout le monde est coupable du crime, soit personne ne l'est (parce que
ce serait un suicide) : arrêter le vieux père seul est débile.
Voltaire
déclare que la Justice s'attendait, du fait que Jean Calas soit vieux,
souffrant et faible, à ce qu'il avoue tout sous la torture. Pas de
chance : non seulement il est mort en clamant son innocence, mais il en
prit Dieu à témoin et - geste chrétien suprême - a même pardonné à ses
bourreaux !
Du coup la Justice, dépitée, fait acquitter les
autres suspects. Problème : cette décision contradictoire prouve que les
juges se sont fourvoyés depuis le début, alors pour couvrir la première
injustice flagrante, ils en commettent une pire encore en bannissant le
fils (qu'ils ont pourtant reconnu innocent, puisqu'ils l'ont relâché).
Donc
Voltaire se régale à dénoncer les absurdités du système judiciaire, qui
préfère suivre ses convictions plutôt que les faits et les preuves
matérielles.