Cher.../Chère...,
Une nouvelle vient d'arriver à la maison. On a besoin de moi à la guerre, je vais combattre moi aussi, et cela me brise le cœur. Ça s'est passé exactement le 12 avril de cette année. J'ai reçu une lettre un peu longue, donc je ne te citerai que "votre devoir vous appelle, la nation à besoin de vous". Voir ceci m'a semblé ironique au début: ils ont besoin de moi, je vais sûrement mourir au front, voilà en quoi je suis utile! Mais passons. Si je t'écris, c'est pour t'expliquer ce qu'ils m'ont expliqué, les mots ne seront pas exacts bien sûr. Ils m'ont dit: "Vous êtes attendu le 19 juin à la gare pour être emmené vers le lieu où vous résiderez en tant que soldat. Vous apprendrez à cet endroit même les rudiments de la guerre, vous allez voir un psychologue pour vous préparer mentalement à combattre. Tout refus de votre part sera considéré comme preuve de lâcheté envers la France, votre pays" Je ne sais plus quoi faire.. Je ne peux pas refuser de combattre, j'en paierais les conséquences malgré moi.
Je t'écris aussi pour te dire de ne pas t'inquiéter, mais je sais aussi que cela est inutile à préciser, tu t’inquiéteras forcément à mon sujet. Je serai déplacé de bases en bases, le contact sera difficile. Si j'ai bien compris,le service de poste passe deux fois par semaine à chaque endroit où nous nous arrêterons. Je t'écrirais quand je le pourrai, tous les jours s'il le faut! Partir déjà me terrorise, mais partir loin de toi.. Qu'y a-t-il de plus dur? Les parents aussi vont me manquer, mais pas autant que toi. Je regrette déjà notre dispute à propos de là où nous voulions nous installer tous les deux pour fonder notre famille.. Même si je savais qu'un jour forcément je serais appelé à tuer pour la France. Je regrette de te faire souffrir, je regrette de te faire attendre un frère qui abandonne ceux qu'il aime. Je te fais la promesse de revenir quand je le pourrai, petite sœur.
A bientôt si le destin le permet,
Ton frère qui tient à toi
