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J’ai été blessé lors d’une offensive à Verdun. Un
éclat d’obus m’a touché en plein bras. Le médecin qui était un ancien forgeron
a ordonné l’amputation de mon bras, au niveau de l’épaule. Je ne puis arrêter
de me morfondre sur mon sort : jamais plus je ne pourrai te serrer dans mes
bras, jamais plus je ne pourrai porter Edward et le faire tourner comme il aime
tant. Que va-t-il dire lorsqu’il me verra sans bras ? Mon propre fils aura peur
de moi !
Si tu me voyais, tu fuirais à toutes jambes ! Je suis méconnaissable : mon
visage est défiguré par les cicatrices, j’ai des cernes énormes sous les yeux
par manque de sommeil et il me manque un bras.
Malgré tout, je voudrais tant être près de toi. Ici, les infirmières sont
toutes vieilles et laides à regarder, aucune d’entre n’est aussi belle que toi.
Elles sont froides et indifférentes à notre souffrance. Elles se dépêchent de
faire leur travail, en le bâclant puis partent.
Les autres soldats passent leur temps à discuter et rigoler, comme si tout
allait bien. Je suis épuisé et il m’est impossible de dormir dans cette
infirmerie. Mon voyage de Verdun pour arriver à l’hôpital de Metz était
horrible et j’en fais encore des cauchemars. L’ambulancier, un ancien
boulanger, adore les sensations fortes. Il prit toutes les routes pleines de
bosses, nous faisant tanguer de nos brancards tâchés de sang. Ensuite il nous
demanda comment nous avions trouvé le voyage, nous répondîmes ‘’Fantastique’’.
Tout ça pour dire que tu me manques ma chérie. Je voudrais tellement être avec
toi dans ces moments difficiles.
Ton mari qui pense à toi
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