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Decrire Le portrait dune personnage dont l’apparence physique est contradictoire avec son comportement. C’est pour demain s’il vous plaît.

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La porte s'ouvrit à la volée et le nouveau entra avant même que notre professeur ne pût ajouter autre chose. Nous échangeâmes tous un regard et nous ne pûmes réprimer le même ricanement goguenard. Il était grand, nous dépassant chacun d'une bonne tête. Il était beau, de cette beauté surfaite qui ne plaisait qu'au bas. La lumière filtrant par les fenêtres s'accrochait à ses cheveux mi-longs, blonds et ondulés, l'auréolant d'une douceur ridicule. Son regard avait ceci de saisissant qu'il mêlait une fixité féroce et dédaigneuse avec l'attraction irrésistible de ce bleu des mers du sud qu'il devait savoir à son avantage. L'arête du nez était inflexible, les lèvres minces et serrées, probablement décolorées par la rareté de ses prises de parole. Il avait de fortes épaules, une respiration puissante qui animait à intervalles réguliers un poitrail sculpté. Ses mains semblaient des griffes acérées au fusil de cuisine. Aux extrémités de ses jambes musclées, il portait une paire de chaussures impeccablement cirées dont nous nous demandions la pointure tant elles nous paraissaient grandes. Tout habillé de ce noir trop strict, un réalisateur de série B en aurait fait un loup solitaire, sortant vivement de l'ombre d'une nuit américaine pour agresser les braves gens. D'un pas grinçant, la démarche athlétique, il alla s'assoir au fond de la classe pour s'y installer sans même dévisager notre professeur. Pendant qu'il déballait ses affaires de son sac hors d'âge, nous chuchotions en nous moquant gentiment. Il eut tôt fait de sortir tout son fatras : une collection d'objets hétéroclites qui n'intéressaient visiblement que lui. Nous distinguâmes un bilboquet, un briquet, un sachet de friandises et un trousseau de clefs. En voilà un qui n'allait sûrement pas figurer au tableau d'honneur de notre établissement ! Peut-être même avait-il déjà découragé plus d'un établissement pour que nous nous retrouvions à devoir l'héberger. Sa désinvolture nous effarait. D'abord décontenancé, notre professeur se ressaisit puis fit mine de ne plus lui prêter la moindre attention. Quand soudain...

"... C'est pour cela que ce sont ces plumes-là qui sont appelées les rémiges. Bien ! Qui peut maintenant me dire à quelle famille appartient le cygne blanc que nous étudions ?

- La famille des anatidés, répondit brusquement une voix d'un grave peu commun dans nos classes de jeunes élèves.

Nous nous retournâmes étonnés pour bien nous assurer de ce que nous ne voulions pas croire. C'était bien le nouveau qui avait donné cette réponse au professeur, sur ce ton de défi qui nous révoltait un peu. Alors que des murmures s'élevaient des tables autour de nous, il reprit :

- il ne s'agit que du nom de la famille générique, qui compte en outre de nombreuses autres espèces. Le cygne compte six espèces autour du monde et ma préférée est celle qui a été découverte le plus récemment par les Européens : le cygne noir. Cette espèce a d'ailleurs fait dire beaucoup de bêtises à Aristote dans ses Premiers Analytiques".

Notre professeur se contenta d'acquiescer, bouche bée. À nouveau, nous nous regardâmes et sans rien dire, nous nous comprîmes : il allait falloir composer avec lui malgré tout.