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Bonjour,
Le thème majeur est la civilisation. Au début du récit, Robinson est convaincu que pour survivre, il lui faut reproduire le cadre de vie que connaît chaque nation civilisée. Au terme d’un travail long et acharné, il organise l’élevage des chèvres, une agriculture basique et un habitat sécurisant. Il voit même nécessaire et rassurant d’établir des lois sur l’île. En somme, il reproduit un état civilisé avec ses règles et ses interdits, qu’il tentera d’imposer à l’Indien.
Mais bien vite Robinson se rend compte que la vie civilisée n’est pas un modèle absolu. Cette prise de conscience forcée survient lors de l’explosion, à peu près à la moitié du roman. Tel un symbole, cet épisode est une charnière de grande importance : pour survivre, Robinson est à présent contraint de s’en remettre à Vendredi. L’Indien l’initie à ses coutumes, à sa vie d’"homme sauvage". L’Anglais se rend compte que le travail n’est pas tout et qu’on peut être heureux en embrassant un mode de vie tout autre. Façon pour l’auteur de démontrer que "l’état de nature", pour reprendre l’expression du philosophe Jean-Jacques Rousseau, a ses bons côtés.
Ceci est également accrédité par la réaction de Robinson après l’arrivée du Whitebird : l’avidité des hommes d’équipage et leur sauvagerie destructrice sur l’île freinent l’enthousiasme du naufragé : "Les hommes grimpaient le long des troncs à écailles pour faire tomber d’un coup de sabre les choux palmistes, et on entendait les rires de ceux qui poursuivaient les chevreaux avec des cordes. Cela lui faisait mal de voir ses brutes avinées mutiler les arbres et massacrer les bêtes de son île, mais il ne voulait pas être égoïste envers les premiers hommes qu’il revoyait après tant d’années. Lorsque le capitaine du bateau, Hunter, relate un souvenir de guerre au cours duquel il se rendit responsable de la mort de plusieurs matelots français, Robinson se rend compte que la nature humaine est bien misérable : il « avait l’impression d’avoir soulevé une pierre et d’observer des cloportes noirs et grouillants" (p. 143). Cette métaphore née de l’esprit du naufragé montre bien que ce n’est pas la civilisation qui fait un homme, mais ses qualités de cœur et d’âme. Le jeune mousse l’a bien compris lorsqu’il a choisi de fuir le Whitebird afin de partager la vie de cet homme qu’il jugeait bon, cette vie simple et sans artifice qui lui laissait entrevoir le bonheur.
Robinson détient au fond de lui une richesse inestimable : il a connu deux modes de vie radicalement différents et a pu en toute connaissance de cause choisir le meilleur à ses yeux. Quant à Vendredi et au jeune mousse, c’est tout autre : pour Vendredi, la curiosité et le désir de rejoindre la civilisation ont pris le dessus. Sans savoir s’il serait heureux, il a choisi un monde régi par la sauvagerie, le pouvoir et l’asservissement d’autrui, alors qu’il n’appréciait déjà pas les règles moindres que lui avait imposées Robinson. Le lecteur peut s’attendre à ce que ce métis connaisse une vie douloureuse, lorsque l’on sait le sort qui était réservé à cette époque aux Noirs et aux Indiens de l’autre monde.
Le choix du jeune mousse a certainement été plus facile, puisqu’il n’a laissé derrière lui qu’une vie bien malheureuse. Il semble qu’il n’aura que bien peu de choses à regretter et que pour lui bonheur rimera désormais avec liberté, même si le concept de liberté est bien restreint sur une île déserte.
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