Bonjour,
Je rentre chez moi un soir après le collège, lorsque j'aperçois une ombre silencieuse, suivie de claquements de métal. Soudain, apparaît un vieil homme vêtu d'une veste beige, d'un pantalon en velours noir et de petits mocassins usés par des années de cirage.
Voûté tel un pêcher, il lève péniblement son cabas, une pile de papiers,et ses doigts sclérosés et tremblants, peinent à extraire son précieux trésor.
Je découvre enfin son visage qui se dissimule sous un magnifique béret lui conférant un air bourgeois des années 50.
Je la salue et je reçois en retour un petit haussement de sourcils, c'est un visage abîmé, flétri par les années, on imagine une fatigue très perceptible dans le creux de ses joues. Il a un air honteux, mais je ressens que cette fierté qu'il a du entretenir tout au long de sa vie reste malgré tout présente.
Je me rends compte enfin que cet homme âgé et peut-être malade est tout simplement en train de travailler pour subsister et s'en sortir. Sûrement que sa retraite est trop faible pour qu'il puisse manger, alors il distribue des tracts. Je ne sais même pas comment un employeur peut lui donner du travail en le regardant déambuler. Il doit avoir au moins 85 ans et tient à peine debout. Je ne peux m'empêcher de le regarder avec compassion, et pourtant j'ai l'impression de le mettre mal à l'aise, j'attends le moment où il me demandera de le laisser tranquille.
Pourtant, je ne peux tolérer un tel spectacle, je suis jeune et en pleine forme, de plus je n'ai que peu de devoirs ce soir. Je décide donc de l'aborder et de lui proposer mon aide. Tout en lui parlant je lui retire cette pile de papiers qui pèse une tonne, et que j'arrive moi-même à peine à soulever. Alors je les dépose sur mon sac à roulettes, qui fait office de valise et tout paraît plus léger. Le vieil homme esquisse un sourire et ne répond rien, mais marche à mes côtés, soulagé...
