Bonsoir,
Phèdre a des propos violents et utilise Thésée pour déclarer sa flamme à
Hippolyte.
Elle sait que ce qu'elle fait n'est que jouer à ce qui est interdit "je languis, je brûle", mais les sentiments sont plus forts que la raison.
Cet amour est synonyme de douleur "larmes, cri, souffrir, offense, ...) et elle utilise l'antiphrase pour son discours car elle veut faire comprendre ses sentiments sans forcément les dire d'emblée. Elle cherche à toucher Hippolyte pour qu'elle ait pitié d'elle et qu'elle puisse de ce fait le séduire.
Nous apercevons dans ce discours un procédé d'accumulation. Phèdre ne cesse de répéter le mot "charmant", elle complimente son bien aimé de façon excessive pour qu'il voit où elle veut en venir, car comme on le sait, Phèdre choisit l’ambiguïté et parle indirectement d'Hippolyte. Au bout d'un certain moment dans la tirade, Phèdre ne compare plus Hippolyte à son père mais elle compare Thésée à son fils, pour montrer qu'elle en a que pour lui seul. "Il avait votre port, vos yeux, votre langage, cette noble pudeur colorait son visage". L'amour est la religion, Hippolyte en est le Dieu, en effet une comparaison est faite "Tel qu'on dépeint nos dieux, ou tel que je vous vois". Elle va même jusqu'à réinventer le mythe. La jeunesse d'Hippolyte est un point fort à son image de séducteur. En outre elle retrouve en celui-ci sa jeunesse. Ce qu'elle recherche en effet sont ses débuts avec Thésée. On assiste à un retour dans le passé, car ce sentiment est ancien. Le sentiment qu'elle éprouvait pour son mari, elle le renouvelle par des sentiments à l'égard de son beau fils qui symbolise la jeunesse.
Phèdre est clairement éperdument amoureuse d'Hippolyte. On identifie très rapidement le champ lexical de l'amour "amour, amant, compagne, cœur, époux, aime, adorateur, fidèle" qui donne une atmosphère passionnée. La litote 'tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins" renforce l'idée de la femme plus qu'amoureuse. Phèdre est une amoureuse poussée à ses extrêmes pour déclarer sa flamme. Elle dramatise et est excessive dans ses propos pour arriver à ses fins. Son amour n'est pas libre, il est associé à de la tristesse et de la culpabilité causées par cette aveu interdit, cet amour presque incestueux. Au final Phèdre sait que ce qu'elle fait lui coûterait chère mais elle est prête à jouer avec le feu pour y arriver même si elle sait aussi que c'est un amour voué à l'échec, mais cela ne l’empêche pas d’espérer
L'amour qu'éprouve Phèdre est sans issue possible. Elle est elle même perdu face à ses propres sentiments. Une métaphore liée au labyrinthe nous prouve que cet amour ne fait que se perdre non seulement Phèdre mais aussi Hippolyte, dans sa dernière réplique son trouble est caractérisé par seulement des questions. Phèdre dit être "l'utile secours" alors qu'elle ne fait que se perdre dans le fameux labyrinthe. Cette déclaration d'amour est fatale dans la mesure où Phèdre parle de l’enfer, car on comprend tous que tel est son futur. Elle même avoue son pêché.
En conclusion, cette tirade nous fait réfléchir sur les faits de l'amour interdit qui fait balancer Phèdre entre son mari présumé mort et son jeune beau fils qu'elle aime éperdument. On ressent dans cette réplique l'angoisse et la peur qu'elle éprouve d'être rejetée par son amour. La stratégie de séduction que fait Phèdre nous laisse quelque peu perplexe, comme Hippolyte, car elle profite de la mort de son mari pour avouer son amour au fils de celui-ci qu'elle considère comme son Dieu. De plus cette passion lui est fatale, non seulement elle en est consciente mais cette fatalité et ce danger ne reste pas qu'une pensée au yeux des spectateur. Les faits son réel, Phèdre se perd dans cette déclaration et l'histoire ne s'arrête pas que sur ce fait.
