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Un résistant écrit une lettre à sa femme pour témoigner des luttes et lui décrire son quotidien. Il citera le poème La voix et le commentera svp c'est pour demain mrc

Répondre :

Ma douce,

 

Je profite de ce peu de repos pour vous donner de mes nouvelles ainsi que vous adressé mes respectueux souvenirs.

 

Je souhaite que vous soyez en bonne santé ainsi que nos chers enfants, qui vous distrairont par moment, car il me semble vous voir bien chagrinée sur ma longue absence. Sachez que même si des kilomètres de terres nous séparent, je ne cesse de penser à vous et à votre doux sourire qui, il y a déjà fort longtemps, illuminait mes journées.

 

Votre présence à mes côtés me manque terriblement, et depuis les derniers mots que nous avons échangés je vis avec la peur, la peur de ne pas vous revoir, la peur de mourir sans pouvoir vous serrer une dernière fois dans mes bras.

 

Comme vous me l’avez si souvent réclamé, je vais vous parler de ma vie ici. Malgré le maquis, celle-ci est menacée chaque jour. Les bombardements, les fusillades, et tous les autres dangers auxquels moi et les autres sommes confronté…

 

Tous les jours ou presque, nous sommes réveillé par les bombardements, et nous devons être à l’affut de tout autre bruit indicateur de danger. Souvent, les bombardements laissent place aux fusillades, souvent, nous risquons tous de mourir. Nous n’avons pas une seconde de répit, tout s’enchaîne si vite, et pourtant les journées paraissent interminables.   

 

Et je ne parle même pas des nuits passées ici, elles sont censées être notre seul moment de repos, mais je n’ose pas fermer l’œil de peur d’être tué dans mon sommeil. Au moindre petit son, tout le monde se réveil et écoute les bruits aux alentours, tout le monde à peur. Certains s’y sont habitués ; moi pas. Je tiens trop à la vie pour relâcher mon attention ne serait-ce que quelques secondes. Vous allez me prendre pour un fou, atteint de paranoïa ; parfois je me demande si ce n’est pas le cas.

 

Etre ici m’a changé. Lors ce que l’on passe à côté de la mort, on se rend compte à quel point on tient à la vie, on se rend compte de plein de petites choses qui peuvent sembler insignifiantes mais qui sont pourtant très importantes pour moi.

 

Je me confie à vous car je sais que vous me comprenez, et que vous ne me jugerez point.  Je sais que sur vous je peux compter, même dans les plus rudes moments.

 

Je me suis surpris à beaucoup penser ; je pense à ma vie d’avant, je pense à nous, à nos enfants. Je pleure, parfois. Il arrive que les souvenirs me rendent trop faibles, trop désespéré, pour pouvoir garder la tête haute.

 

Et quelques fois, quand j’en ai l’occasion, je pense au futur. Celui-ci me paraît bien mélancolique. Je ne crois plus pouvoir garder espoir, alors il me plairait de vous demander une faveur : Je pris le bon Dieu tous les jours pour qu’il accepte de me donner une libération pour enfin vivre avec vous. C’est ce que je souhaite le plus au monde. Mais, s’il décide de me donner une libération définitive de cette vie, je vous en conjure, ne restez pas veuve.

 

Vous avez le choix, le choix de ne pas vivre avec nos souvenirs, le choix d’offrir un père à nos enfants, alors s’il vous plaît, promettez-moi de trouver un homme qui saura vous rendre heureuse, un homme attentionné, présent pour vous et les enfants, qui ne vous abandonnera pas, celui que je n’ai jamais pus être, et que je ne serais jamais.

 

Je dis cela, mais ces derniers jours, j’ai l’impression que quelque chose à changer. Une once d’espoir est revenue en moi, une petite chose qui m’encourage, me rassure, me donne envie de continuer. Comment, me diriez-vous ? Eh bien, figurez vous que c’est grâce à l’une des lectures d’un de mes compagnons. Il m’a fait lire une poésie qui m’a beaucoup touché, et qui m’a rappelé que sans espoir on n’arrive à rien. Il s’agit de La voix, de Robert Desnos. Vous devez l’avoir  déjà lus, je sais que vous aimez la poésie. Si ce n’est point le cas, je vous invite à en faire la lecture, c’était pour moi en tout cas une très belle découverte.

 

Eté, printemps, joie, sourire, belle saison, tous ces mots me rendent un peu moins inquiets.

 

Ce n’est pas assez pour que je sois convaincu que je m’en sortirais dans peu de temps, et que tout ira pour le mieux, mais ceci me donne tout de même une raison pour continuer de me battre, contre les ennemis oui, mais aussi contre la vie toute entière, car j’ai compris il y à bien longtemps maintenant, que jamais je n’aurais de répit.

 

Bien à vous,

 

Votre époux.   
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