La ville était vide. Quelques cyclistes roulaient dans le calme de l'avenue principale. Les cafés étaient encore fermés.
Je m'avançais dans la rue et observait le lever du soleil, submergé par sa beauté. Ses rayons teintaient le ciel de rose, orange et blanc, tandis qu'il pâlissait. J'avais l'intention de me rendre sur la tombe de ma femme, mais une envie folle de café m'assaillit.
C'est alors qu'un grincement me fit sursauter. Un des cafés ouvrait ses portes, et j'allais enfin pouvoir étancher ma soif.
J'ouvrit la porte dans un grincement à vriller les tympans et alla m'installer à une table près de la fenêtre. Un calme inquiétant régnait dans l'immense salle, mais ce silence me convenait.
Une femme vint m'accueillir et me demander ce que je bois. Je lui ai commandé une tasse de café et elle est allée m'en chercher une, m'abandonnant, seul à seules avec mes pensées.
Quelques heures passèrent, et le café fut bondé de monde, et je commençai à trouver cela pénible. J'aurais pu partir, mais un pressentiment m'en empêchait. Je posai mes yeux au fond de ma tasse. Elle était vide. Devais-je en commander une seconde ? Non. Les serveurs m'avaient l'air bien occupés. Il ne me restait plus qu'à attendre. Mais attendre quoi ? J'étais un vieil homme fatigué, censé aller au cimetière et me voilà dans un café, attendant que je-ne-sais-quoi lui tombe du ciel. C'est alors qu'un appel retentit dans la rue. Tous se précipitèrent dehors, et je les suivit, plus lentement, comme pressé.
Un homme se dressait au milieu de la foule.
"Vous en avez marre de vivre à proximité de morts ? Nous allons construire un parc d'attraction rien que pour vous !"
Je le dévisagea d'un air horrifié. Sous entendait-il détruire le cimetière ?
Des murmures enthousiastes résonnèrent dans l'assemblée.
"Nous allons détruire le cimetière, poursuivit l'homme. A la place, de superbes attraction pour vos jeunes !"
Horrifié, je jeta un regard autour de moi. Tous s'agitèrent pour encourager celui qui parlait. Il n'allaient pas le laisser faire, si ?
Une heure plus tard, le calme revint. Chacun regagna sa place dans le grand café du coin.
