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Bonjours je suis en 4eme et j'ai un problème avec l'histoire ma question est : Pourquoi et comment certains Européens ont bien accueilli ces idées? A l'époque de Napoléon 1er mer I pour votre aide

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Les transformations du voyage européen sous la Révolution et l'Empire peuvent être saisies à travers un état des lieux de la situation en Italie. Sans délaisser l'idée d'un bilan des travaux de ces dernières années sur les exilés comme Madame de Staël, sur les missions de savants français vers l'Italie et de leurs homologues italiens vers la France ou sur les formes prises par le voyage patriotique ou républicain, il nous revient d'évoquer quelques pistes d'un chantier qui a pour horizon l'Europe mais qui est en mesure de tirer parti d'un examen attentif de la situation des voyageurs français dans la péninsule1. Tout en ayant conscience de la multiplicité des provenances géographiques en dehors de la France, il est intéressant de mettre en lumière l'effet qu'ont eu sur le voyage en Italie les bouleversements révolutionnaires et les ruptures par rapport à l'Ancien Régime qui avait vu s'épanouir le rituel du Grand Tour. Dans son ouvrage de 1924, Le mouvement des idées dans l'émigration française (1789-1815), Fernand Baldensperger avait souligné la montée d'un sentiment d'étrangeté éprouvé par les émigrés obligés de rester pendant plusieurs années éloignés de chez eux, générant chez ces anciennes élites cosmopolites l'éveil d'une pensée patriotique fondée sur le besoin du sol natal. La complexité de la relation entre la France et l'Italie, marquée au sceau d'une proximité pluriséculaire2, permet de soulever quelques points saillants de ces métamorphoses du voyage et de dégager des idées-forces à confronter, ailleurs, avec les expériences de voyageurs du reste de l'Europe3.

On partira d'observations tirées des archives vénitiennes entre 1789 et 1796, donc avant l'occupation française en Italie, afin d'inscrire les voyageurs français au sein de flux européens qui comprenaient également des Italiens, à l'instar de la marquise Boccapaduli, romaine, présente à Venise à l'automne 1794. La diversité des voyageurs et l'accentuation du contrôle dont ils furent l'objet nous aident à interroger la continuité de l'Ancien Régime à la période révolutionnaire. Si perdure vers l'Italie le voyage des élites cultivées venues de toute l'Europe, marqué au sceau de la liberté, la contrainte n'en gagne pas moins du terrain chez ces mêmes élites avec les Français émigrés. L'Italie devient aussi le champ d'expérimentation de nouvelles stratégies d'enquête lourdes d'enjeux politiques et scientifiques. Les Français qui en usaient comme d'un simple outil de connaissance développent une volonté de la transformer au profit d'intérêts stratégiques en Méditerranée. Enfin, les espaces explorés par les voyageurs s'élargissent, invitant gens de lettres ou artistes à y déployer une esthétique qui oscille entre une approche sentimentale et égotiste et la quête d'images à vocation patrimoniale.