Bonsoir,
Mes chers parents.
Je profite d'un cours moment d'accalmie pour vous écrire cette lettre, j'espère qu'elle vous parviendra.
Depuis la semaine dernière, nous avons subi plusieurs bombardements dont l'un a duré deux jours et deux nuits sans aucune interruption, on compte de nombreux mort dans la tranchée du caporal Durand.
Lundi, les Allemands ont lancé une vigoureuse offensive, nous avons tiré sans arrêt pour tenter de les arrêter, l'un d'eux est parvenu jusqu'aux barbelés qui bordent ma tranchée, j'ai juste eu le temps de faire feu, sans même viser, il a lâché sa baïonnette puis est tombé sur les sacs de sable, son casque a roulé jusqu'à mes pieds.... j'ai eu très peur.
Cette nuit une patrouille allemande a lancé des grenades dans une de nos tranchées, je n'ai pu dormir et suis resté le doigt sur la gâchette jusqu'au matin.
Mes camardes Lucien et Victor ont été tués lors de notre dernière attaque contre une position ennemie, les balles des mitrailleuses sifflaient autour de moi, j'ai reçu de la terre dans la figure et suis resté un bon moment sans voir clair, j'étais perdu au milieu des explosions d'obus... mais un camarade m'a aidé à regagner la tranchée.
J' espère que vous allez bien et que le rhume de papa est terminé.
Je devrais obtenir une permission dans un mois ou deux, quelle joie ce sera de vous revoir.... si tout va bien pour moi !
Dites à Louise que je pense souvent à elle, que son souvenir me rend courage dans les moments difficiles et que je l'aime.
Je vous embrasse.
Votre fils, marcel.
