Bonsoir,
Dans le premier vers, l’hyperbole contenant les mots “rien” (terme absolutif) et “tant” (adverbe superlatif), montre déjà l’aspect pesant et lourd du secret. L’indiscrétion est le premier défaut relevé, comme en témoigne la morale au début du texte. En effet, avec les verbes “porter” et “peser”, la garde du secret parait nécessiter un effort physique aux femmes. On note la majuscule au début du mot “Dames”, qui désigne les précieuses. Dès le deuxième vers, l’apparition du sujet “je” montre que l’auteur prend partie dans le texte et émet son point de vue de façon directe.Il parait même étendre sa critique jusqu’au vers 4 où l’antithèse oppose hommes et femmes, montrant ainsi que quelques hommes peuvent avoir ce défaut (le défaut est “d’être femme”). Grâce à cette figure de style, l’auteur recherche une certaine complicité avec le lecteur ce qui confirme que ce texte soit un apologue.
Le registre didactique est présent depuis le début avec la leçon explicitement énoncée, puis développée, ce qui rend l’idée concrète pour le lecteur. Le secret lui brûle les lèvres, la femme ne peut pas s’empêcher de répéter la nouvelle à d’autres.
La femme du pondeur est incapable de garder le secret malgré les prières de son mari et le danger pour sa réputation. Il connait les conséquences que pourrait apporter cette révélation comme le montre le vers 5 : ”On m’appellerait poule”. Au vers 20; on remarque que la femme se rend compte du danger. Elle a peur et demande à ces femmes de se taire. Le vers 17 confirme l’empressement qu’à la femme de répéter à sa “voisine” (vers 18). Le verbe “courir” insiste sur la rapidité et la volonté qu’a la femme de conter la nouvelle.L’expression “le jour à peine levé” prouve aussi que l’envie de répéter est plus fort qu’elle.La succession des vers est immédiate : dès le départ du premier personnage, la voisine va répéter et cela rend un aspect encore plus comique a la fable.L’augmentation de cet aspect est croissant. Au début, c’est un œuf que l’homme a pondu, mais a la fin de la fable la rumeur s’est agrandie et l’homme aurait alors pondu plus de cent œufs. Mais ce tableau de la femme impatiente et bavarde ne serait pas complet sans un dernier défaut : la propension (= tendance à mentir).
L’importance de la parole donnée est soulignée par la redondance des recommandations au silence du mari vers 9 et 10. On notera l’emploi de l’impératif qui donne plus de poids aux demandes du mari. Au vers 19, la femme promet de se taire. Le narrateur souligne que la promesse de silence est donnée. La policémie est utilisée pour le vers 25, il émet deux sens différents : l’interjection sert à rassurer la femme et l’utilisation de l’impératif montre l’empressement qu’a la voisine du départ de la femme pour aller à son tour répéter.Le vers 14 montre la trahison faite par la femme envers son mari et montre ainsi l’importance du secret non tenu. Ainsi les femmes sont-elles parjures, menteuses car elles ne respecte pas leurs engagements. Toutefois, cet aspect de la femme est encore plus
développé avec un autre élément : la déformation de la réalité.
Le besoin de marquer les esprits avec une nouvelle conséquente pousse les femmes une à une à grossir l’événement jusqu’à le déformer, le but étant de faire sensation. Aux vers 21, 29, 30, 31, 34 (chiasme insistant sur la déformation à chaque bouche et entraînant une superficialité) et 37 (hyperbole dévoilant l’ampleur du commérage), le mensonge prend des proportions de plus en plus importantes. On Remarque donc que mensonges et indiscrétions sont étroitement liés.
Ainsi par un apologue fortement marqué par le registre comique, Lafontaine construit une fable à l’aspect misogyne visant à stigmatiser les défauts des femmes : bêtises, indiscrétion, mensonges.
