Pouvez vous m'aider s'il vous plaît je ne comprends pas Merçi D'avance
Le poème :
Des mains aux lèvres
Au cours d’un bal, touché en plein cœur par la beauté de Juliette, Roméo cherche celle-ci dans la salle et va vers elle.
ROMÉO, prenant la main de Juliette. – Si j’ai profané avec mon indigne main cette châsse sacrée, je suis prêt à une douce pénitence : permettez à mes lèvres, comme à deux pèlerins rougissants, d’effacer ce grossier attouchement par un tendre baiser.
JULIETTE. – Bon pèlerin, vous êtes trop sévère pour votre main qui n’a fait preuve en ceci que d’une respectueuse dévotion. Les saintes mêmes ont des mains que peuvent toucher les mains des pèlerins ; et cette étreinte est un pieux baiser.
ROMÉO. – Les saintes n’ont-elles pas des lèvres, et les pèlerins aussi ?
JULIETTE. – Oui, pèlerin, des lèvres vouées à la prière.
ROMÉO. – Oh ! alors, chère sainte, que les lèvres fassent ce que font les mains. Elles te prient ; exauce-les, de peur que leur foi ne se change en désespoir.
JULIETTE. – Les saintes restent immobiles, tout en exauçant les prières.
ROMÉO. – Restez donc immobile, tandis que je recueillerai l’effet de ma prière. Il l’embrasse sur la bouche. Vos lèvres ont effacé le péché des miennes.
JULIETTE. – Mes lèvres ont gardé pour elles le péché qu’elles ont pris des vôtres.
ROMÉO. – Vous avez pris le péché de mes lèvres ? Ô reproche charmant ! Alors rendez-moi mon péché. Il l’embrasse encore.
JULIETTE. – Vous avez l’art des baisers.
LA NOURRICE, à Juliette. – Madame, votre mère voudrait vous dire un mot. Juliette se dirige vers lady Capulet.
WILLIAM SHAKESPEARE, Roméo et Juliette, I, 5, 1597, traduction de François-Victor Hugo, 1859-1866.
