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Bonsoir j’ai une dissertation à faire en français mais je ne sais pas quoi répondre à là question qui est : Selon vous le roman constitue un genre fiable pour raconter l'histoire ? Mon prof nous a juste dit que c’était un plan dialectique ( oui et non ) Merci de votre aide

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Bonjour,

On fait l’hypothèse qu’il y a des romans orientés plutôt d’un côté que de l’autre. Il y a ces deux tendances qui peuvent coexister et qui sont peut-être en conflit. La première opposition peut se faire entre le roman idéaliste et le roman réaliste. La seconde opposition se fait entre le roman qui raconte une histoire réelle et le roman romanesque.

Le roman réaliste vers un roman idéaliste : avant d’être employées en littérature, ces notions ont été employées en philosophie. Ces deux types de romans portent une réflexion sur les rapports entre la réalité et le sujet pensant, réfléchissant. C’est la façon dont on pense le rapport entre les deux qui fait qu’on est soit l’un, soit l’autre.

Le réalisme est la conviction que le monde extérieur est réel et que nos sens nous donnent accès à lui, nous permettent de le connaitre de manière fiable, juste. Ce réalisme, en philosophie, est un courant de pensées puissant et dominant depuis Descartes. Cela est renforcé par Locke, qui fonde le rapport au monde et à la connaissance du monde sur le témoignage des sens. On peut obtenir des certitudes  réelles sur le monde, dont on ne doute pas. Partant de là, on peut dire que le roman réaliste vise une représentation fidèle du réel et qui donc est vrai.

L'idéalisme est la nature ultime de la réalité qui repose sur l’esprit, sur des représentations mentales. L’idéalisme récuse l’idée que l’on peut connaitre le réel en soi et est toujours conscient, lucide sur le fait qu’on n’en connait qu’une partie filtrée par les représentations mentales ou des "catégories a priori de l’entendement humain" (comme l’espace et le temps), par lesquelles on reçoit la perception du monde. Pour l’idéalisme, il n’y a pas de conscience externe du monde indépendamment de la conscience qui le perçoit. En littérature, on va retrouver ce terme pour une littérature désireuse de faire entrer la représentation du monde dans le cadre d’idées, même d’idéaux, qui sont par exemple moraux ou politiques. Et la dispute peut se nouer autour d’un terme qui revient souvent : vérité, vrai.

L’usage de l’étiquette réaliste est une catégorie esthétique qui apparaît au XIX siècle, de façon timide au début puis plus forte à partir de 1850. Elle apparaît dans une citation d’un auteur anonyme.  Cette définition est valorisante pour le réalisme. Dans les années 30 et 40, quand le terme réalisme apparaît c’est généralement de façon hostile ou ironique, pour dénigrer une littérature obsédée par la représentation du monde matériel. Par exemple, un critique utilise le terme pour évoquer Notre-Dame de Paris. Selon lui, quand on lit ce livre, on en apprend plus sur les bâtiments, les rues et les vêtements que sur les personnages. C’est selon lui un écueil de la littérature. Cela montre que dans un premier temps (dans les années 20-30), il y a un accord possible entre réalisme et romantisme, par le fait que le romantisme veut représenter tout du réel, aussi bien les aspects moraux que matériels, et à l’époque, la simple représentation d’aspects matériels apparaît comme une nouveauté. Dans les années 50, quand le mot "réalisme" se répand dans la critique, il est là pour s’opposer au romantisme. Ça commence avec la peinture puis avec la littérature. C’est le peintre Courbet qui présente le premier son œuvre avec ce mot. Cette peinture réaliste veut tourner le dos à l’académisme de l’époque qui continue à représenter des modèles classiques, par exemple des peintures de corps selon la loi classiques. Selon Courbet, cela est dépassé. Il se dit dans la lignée de Rembrandt. Ce mouvement va jusqu’à la littérature. Il faut citer deux noms importants : Champsfleury et Duranty. Ils ont loué Courbet et sa peinture et proposé à la littérature de faire de même. Ils se donnent pour tâche de représenter le réel du quotidien, de renoncer à la hiérarchie des valeurs qui est aussi une hiérarchie sociale. Dans les années 50, ils créent une revue Le Réalisme. À ce moment-là, ce mot d’ordre « réaliste » s’utilise en opposition au romantisme. Ce dernier est vu comme trop idéaliste. Il y a une situation complexe pour articuler ces termes « romantisme, réalisme, idéalisme », car à un moment, le romantisme a pu être vu comme réalisme mais après, au contraire, le romantisme a été jugé comme finalement idéaliste, animant ces représentations d’idéaux qui empêchent une représentation exacte du réel.

La suite en pièce jointe (ça ne rentre pas)

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