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La nouvelle Saint-Antoine de Maupassant met en scène un paysan normand, prénommé Antoine qui, pour mieux prouver son opposition à l’occupation prussienne, engraisse le soldat prussien qui loge chez lui. Cette cohabitation se termine le jour où, suite à une lutte entre les deux hommes, Antoine assassine le soldat. Ainsi, le rite, celui du gavage du cochon, semble bien l’arme privilégiée des dominés et l’angle mort que rencontre le dominant. C’est justement la présence et la mise en récit de cette pratique culturelle que le présent article étudie. L’hypothèse générale repose sur l’idée qu’on peut mettre à jour, à partir d’une lecture ethnocritique, un jeu de correspondances structurelles entre grammaire rituelle et efficacité narrative. Le détour par le rite ne sert pas uniquement l’effet de réel et ne contribue pas simplement à teindre le récit d’une couleur locale. Le rite, tel que « textualisé » par Maupassant en tant qu’espace privilégié de rassemblement social, se transforme en système de résistance partagé par la communauté et en tactique de guerre mais aussi en espace de compassion ambivalent. La réappropriation du scénario rituel et sa théâtralisation dysphorique permet enfin de signifier qu’en temps de guerre la barbarie se loge certes chez l’ennemi mais aussi là où l’on répugne à la trouver, en nous-mêmes.
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