Au lendemain de la signature des traités de Vienne, l’Empire d’Autriche apparaît comme l’une des grandes puissances européennes et peut-être même comme la première puissance continentale, tant par son étendue que par sa population et la force de son armée. Il est le seul à avoir tenu tête pendant un quart de siècle à la Révolution française, jouant le rôle de l’éternel participant aux coalitions suscitées par la Grande-Bretagne. Beaucoup plus que la Russie, il est, par sa position géographique, à même de dominer l’Europe et il est en tout cas le mieux placé pour intervenir rapidement en cas de besoin. En outre, il semble animé d’une sérieuse volonté politique et acquis aux principes de la monarchie absolue. Il est, avec la Russie et la Prusse, le défenseur inconditionnel de la monarchie absolue, de l’Ancien Régime et de toute concession aux idées de la Révolution française jugées intrinsèquement perverses. C’est un formidable recul par rapport à la monarchie autrichienne de Joseph II, qui a tenté de mettre en pratique nombre d’idées des Lumières à la fin du xviii e siècle.
Curieusement, le terme d’Empire d’Autriche est de création récente, puisque, avant 1804, son souverain était empereur romain germanique, héritier de Charlemagne et des empereurs germaniques de l’époque médiévale. Si la monarchie autrichienne englobait une partie des territoires du Saint Empire (les pays héréditaires de langue allemande, le royaume de Bohême avec ses dépendances, des possessions en Italie du Nord et les Pays-Bas méridionaux), elle comprenait aussi des territoires qui n’avaient jamais fait partie du Saint Empire : le royaume de Hongrie, la Transylvanie, la Galicie, la Bucovine…
