Réponse :
Comme d'habitude, le samedi dernier matin, à 9 heures, je suis passé par les grands boulevards en centre ville pour me rendre au Conservatoire de Musique situé à une vingtaine de minutes de mon domicile.
Nous sommes au mois de novembre et l'automne est déjà bien avancé avec ses températures basses. Il faisait donc bien frais en ce matin-là. J'ai remonté une de artères principales, flânant un peu puisque je n'étais pas en retard sur l'horaire. Au bout d'une dizaine de minutes de marche, au détour d'une ruelle, un spectacle bouleversant s'est offert à ma vue. Là, juste là, devant mes yeux grand ouverts, était assise ou plutôt accroupie sur des cartons trempés étalés par terre, femme au teint mat, serrant un nourrisson emmailloté et blotti dans les bras, une petite écuelle posée devant elle ! " Une étrangère ? Une demandeuse d'asile ? Une réfugiée ?", ai-je pensé. Sous cette température quasi hivernale, je me suis demandé ce qu'elle pouvait bien faire en ce lieu non protégé de la froidure avec un bébé ! Engoncés, à demi emmitouflés dans de gros manteaux miteux, la pauvre femme et son enfant tremblaient de froid. J'étais mal à l'aise devant cette scène triste et désagréable. Mon regard s'est dirigé vers l'écuelle dans laquelle quelques pièces avaient certainement été glissées par des passants. Une colère sourde m'a alors submergé, comment peut-on laisser un être humain dehors avec un bébé dans de telles conditions climatiques ? On trouve pourtant en ville des associations charitables capables d'apporter une solution à ce genre de situation inhumaine. Peut-être qu'elle l'ignorait ? Je me mis à trembler légèrement, serrant mes poings gantés. C'est à ce moment que les yeux suppliants de la femme se sont portés sur moi. Qu'aurais-je pu faire ? Rien. Honteux et confus, j'ai détourné mon regard, l'air hagard. Puis, j'ai pressé mes pas, la tête baissée pour ne pas arriver en retard à mon cours de musique.
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