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Bonjour ! J'ai besoin que vous m'aidiez à analyser cet extrait svp:
"La religion renforce et discipline. Pour cela des exercices continuellement répétés sont nécessaires comme ceux dont l'automatisme finit par fixer dans le corps du soldat l'assurance morale dont il aura besoin au jour du danger."
merci d'avance


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Bonjour,

La religion rassure parce qu'elle présente une explication claire du monde et de la vie, elle est le symbole d'une attention paternelle, la promesse d’une finalité de la vie et d’une compensation dans l’au-delà : elle donne du sens à la réalité dans laquelle l’homme vit. Sinon une vie sans but nous serait insupportable. L’illusion religieuse pourrait ainsi cristalliser les peurs humaines, d’ailleurs selon Nietzsche "Toute religion est née de la peur et du besoin, c’est par les voies de la raison égarée qu’elle s’est insinuée dans l’existence". Nous pouvons donc penser que c’est sur la faiblesse de la raison que se fonde la nécessité de la foi, car des vérités rationnelles ne seraient pas une attitude religieuse. En outre, elle répond au besoin de vivre ensemble car une croyance collective est confortée par le fait même qu’elle est collective, car même si c’est un préjugé ou une illusion, on tiendra pour absolument vrai ce qui est cru par tout le groupe. La religion serait donc une faiblesse car les croyants dévaluent la vie terrestre au profit d’un au-delà imaginaire idéal.

La religion serait, d’autre part, une illusion du bonheur. Au XVIIIème siècle, les philosophes des Lumières, qui prônent entre autres un athéisme philosophique et une explication matérialiste du monde, perçoivent les dogmes de la religion comme d’absurdes superstitions. Voltaire considère ainsi le prêtre tel un inventeur lorsqu’il nous fait part de son hypothèse : "Qui fut l’inventeur de la religion ? Ce fut le premier fripon qui rencontra un imbécile".
La religion est ainsi suspectée d’être une tromperie servant à des fonctions sociales ou politiques. D’ailleurs les autorités religieuses voient dans les sciences une concurrence et une menace. La religion nous est donc présentée comme pour les faibles, dans le sens qu’elle trompe ceux qui n’ont pas assez de culture et de discernement pour que d’autres, plus instruits et malins, puissent prendre le pouvoir à leur insu. D’ailleurs, Marx se situe dans la même lignée lorsqu’un siècle plus tard il parle de la religion comme "L’opium du peuple". Pour lui, cette aliénation religieuse viendrait des frustrations sociales de l’homme qui ne trouve pas le bonheur durant toute sa vie terrestre alors qu’il a tant fourni d’effort et souffert face aux épreuves de la vie. La foi apporte ainsi un réconfort car certaines religions promettent une vie d’autant plus heureuse au paradis qu’elle n’a été pauvre sur terre.

Nous pouvons avancer l’hypothèse que la religion est essentielle tout en étant une force pour tous, et serait au contraire pour les plus vivaces car elle demande une certaine force d’esprits. Car il est pensable que les athées soient ceux qui ne croient plus car ils n’en ont plus la force. La religion demanderait donc une force supérieure et ne serait ainsi pas une consolation pour les faibles, puisqu’ils n’auraient pas la capacité de croire. Les plus forts seraient donc ceux ayant le courage de faire en quelque sorte le pari de la foi. Même si la croyance est fausse, il sera toujours plus courageux de prendre cette option que de n’en point prendre. 
Le saut de la foi est bien dans ce sens une marque de force d’âme...
La faiblesse du croyant ne saurait donc établir à elle seule la raison de la foi, car sans religion nous pouvons douter de la stabilité d’une société culturelle. Pour certains la foi renforce au même titre qu’elle est capable de soumettre d’autres. Tout l’enjeu de la religion serait de ne lui attribuer aucune certitude, à chacun donc d’établir la foi qui lui convient.