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Bonjour j'ai un questionnaire pouvez vous m'aider :

Louis Aragon (1897-1982) « Pour toi », Le Nouveau Crève-cœur, 1948.

Je me souviens d’une prison
Qui n’avait rime ni raison
Je me souviens d’un cimetière
Qui semblait la patrie entière
Je me souviens d’un peu de sang
Sur la place aux pieds des passants
Je me souviens de cette gare
Où l’on fouillait des gens hagards
Je me souviens des soldats gris
Dans le beau désert de Paris
Je me souviens de mille choses
Un mort on croirait qu’il repose
Les voyageurs se sont pressés
On croirait le train renversé
Du village brûlé le soir
Il ne restait qu’un tableau noir
Je me souviens au bout d’un champ
De trois pauvres tombeaux touchants
Je me souviens Je me souviens
A le redire ce n’est rien
De la radio qu’on écoute
D’un ami d’un pas sur la route
Est-ce le souvenir qui ment
Tout sonne si banalement
La flamme seule peut comprendre
Ce que fut autrefois la cendre
Elsa c’est pour toi que je dis
Cette mémoire d’incendie.


Questions (15 points)
1) Quelle anaphore structure les 19 premiers vers du poème ? (0.5)
2)a) Relevez dans le poème les mots appartenant au champ lexical de la mémoire. (1)
b) Pourquoi ce champ lexical revêt-il une importance particulière ? Développez votre réponse. (1)
3) Quelle répétition prend le relais de cette anaphore à partir du vers 12 ? (0.5)
4) Délimitez précisément les 4 parties du texte, en donnant un titre à chacune. (2)
5) Que signifie l’expression « qui n’avait rime ni raison » ? (0.5)
 dont la rime était pauvre  qui avait perdu la raison  qui n’avait pas de sens
6) A partir d’un des épisodes racontés dans le poème, montrez que la guerre semble folle. (2)
7) a) Comment les ennemis sont-ils évoqués dans le poème ? (1)
b) Quelle est la différence entre « on » au vers 8 et « on » au vers 12 ? (1)
8) Comment les résistants sont-ils évoqués dans le poème ? Répondez à l’aide de citations courtes et précises.
(1)
9) A qui ce poème est-il adressé ? (0.5)
10)a) A quel champ lexical illustré dans le poème appartient le mot « flamme » (v. 25) (1)
b) Quel autre sens ce mot peut-il avoir ici ? (1)
11)a) Quels sont les autres destinataires du poème ? (0.5)
b) Comment sont-ils impliqués dans le poème ? (0.5)
12) En quoi ce poème appartient-il au genre de la poésie engagée ? (1)

Merci d'avance


Répondre :

1) L'anaphore est une figure de style permettant une insistance, qui passe par la répétition d'un mot ou d'une expression au début d'une phrase ou d'un vers. Ici, l'anaphore est sur "je me souviens" durant les 19 premiers vers.

2) a) "Je me souviens" répété 9 fois, "souvenir" au vers 23 et "mémoire" au vers 28 appartiennent au champs lexical du souvenir, de la mémoire.

b) Le poème aborde le sujet délicat de la Seconde Guerre mondiale, il y a donc un devoir de mémoire qui est fait, un partage de la mémoire individuelle du poète mais également de la mémoire collective concernant la guerre. Période sombre emplie de souvenirs, cela reste dans les esprits, les marquant pour toujours. C'est le thème central du texte.


3) « On croirait » est répété deux fois à partir du vers 12


4) Délimitez précisément les 4 parties du texte, en donnant un titre à chacune. (2)

Épisode de la prison (vers 1 à 7), de la gare (jusqu'au 17ème vers), du champs (jusqu'au vers 23), du souvenir. Je te laisse juste chercher les titres, peu d'inspi et question peu.. claire ^^


5) L'’expression « qui n’avait rime ni raison » signifie « qui n’avait pas de sens ».

6) Tout l'épisode qui tourne autour de la gare est assez frénétique avec les voyageurs « pressés » et « hagards » et le contraste de :« Un mort on croirait qu'il repose ».


7) a) Les ennemis sont évoqués par l'expression «  soldats gris » (ils sont tristes, ternes, devraient être invisibles..)


b) Il y a une différence entre « on » au vers 8 et « on » au vers 12. Le premier est identifiable ; il désigne ces fameux soldats gris qui contrôlent les voyageurs. Le second est général, cela désigne un ensemble ; c'est quelque chose qui sonne comme un avis partagé par tout un chacun.


8) Les résistants sont évoqués dans le poème par la « radio ». En effet, on peut rapporter ça à la radio sans fil qu'écoutaient les gens pour s'informer en dehors de ce que préconisait le régime de Vichy. On pense notamment à l'appel du 18 juin de Charles de Gaulle qui doit sa réussite entre autre grâce à ce moyen de communication. En outre, cette résistance est évoquée à la fin du poème, sonnant comme un hommage : les « cendres » et la « mémoire ».


9) Le poème est adressé à la femme d'Aragon, Elsa Triolet, cela est explicitement dit dans l'avant-dernier vers du poème.

10) a) et b) Le champs lexical du feu est très usité et illustré dans le poème. Sous son sens premier, le terme « flamme » s'y rapporte clairement. Toutefois, le contexte pourrait inciter à une interprétation différente ; ce terme peut donc tout aussi bien se rapporter à l'amour.


11) a) Ce poème s'adresse en réalité à tout le monde, à l'ensemble d'un peuple, ici du peuple français

12) C'est un poème de « résistance », engagé car il s'adresse à tout le monde, et il a une visée de dénonciation forte contre la guerre destructrice et marquante, contre le décimation d'un peuple, la vie sous le joug d'une idéologie aux antipodes des notions de liberté ; l'idéologie nazie, ce régime nazi barbare et violent, cette guerre injustifiée et injustifiable. Heureusement, des auteurs, des artistes, des intellectuels ont osé se mettre en travers de ce système en disant ce qui leur tenait à coeur, en dénonçant les injustices.

Voila voila ! Tu m'auras retenue longtemps avec ce devoir mais ce fut un plaisir de t'aider !!