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Comme Rimbaud lui-même l'écrit à la toute fin de son manuscrit, "Une Saison en enfer" a été rédigé dans la quasi-solitude de la ferme de Roche, entre les mois d'avril et août 1873, c'est-à-dire après deux épisodes particulièrement douloureux dans la vie du poète : l'exil londonien (4 septembre 1872-3 juillet 1873) et, surtout, la fameuse dispute où Verlaine blessa Rimbaud d'un coup de feu le 10 juillet 1873.
Rimbaud n'a que 19 ans lorsqu'il écrit ce recueil, témoignage de son errance Londonienne avec Verlaine. Le recueil s'ouvre sur une remémoration idyllique de sa jeunesse "Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient" en contraste avec sa sale éducation d'enfance. La suite de cette anthologie personnelle tourne vite à l'autodérision et à la repentance. Après un "Prélude" où le poète annonce qu'il a failli devenir fou, qu'il a failli mourir aussi, Rimbaud retrace l'itinéraire qui l'a presque mené à sa perte. D'abord, dans "Mauvais sang", il entonne le refrain de son infériorité génétique et généalogique ("Je suis de race inférieure"), il remonte jusqu'à ses ancêtres gaulois, antiques, brutaux et vicieux, pour expliquer qu'il est issu d'une race esclave ("Je suis de race inférieure de toute éternité) et que, né d'ancêtres qui ont couru les Sabbats et traversé l'Europe pour rejoindre les Croisades, l'ordre social lui a toujours été étranger. Dans "Mauvais sang", le damné est représenté tour à tour en voyageur maudit, en forçat sur lequel se referme le bagne, en nègre soumis à la brutalité du colon, en recrue appelée à devenir chair à canon. Dans "Nuit de l'enfer", d'abord intitulé "Fausse conversion", Rimbaud regrette ne pas avoir assumé la part païenne de son héritage et d'avoir au contraire succombé au mysticisme chrétien (le "nègre" et le "païen" sont des symboles de survie et de résistance aux méfaits corrupteurs de l'ordre social, moral et culturel. D'autres errements, l'homosexualité, (Vierge folle, l'Epoux infernal), sont contés dans "Délires I". Une des figures rimbaldienne de la damnation est évidemment l'homosexualité, vécue comme une anormalité morale et comme une singularité. Dans Délires I, c'est Verlaine (La vierge folle) qui fait le récit de sa vie commune avec Rimbaud (l'époux infernal) durant leur errance Londonienne. Le poète s'habitue à l'hallucination simple dans Délires II (Alchimie du verbe). Il trouve sacré le désordre de son esprit (j'aimais les peintures idiotes, j'inventais la couleur des voyelles). Il reconnait la multitude de ses folies (Je me vantais de posséder tous les paysages possibles, je croyais à tous les enchantements, j'écrivais des silences, je fixais des vertiges). Cette section de "Une Saison en enfer" semble retracer l'expérience de la voyance. Les quatre chapitres qui suivent présentent le retour progressif à la raison (m'étant retrouvé deux sous de raison), cheminement entrecoupé de quelques mirages et de quelques désespoirs (Par l'esprit on va à Dieu ! Déchirante infortune). Dans "'L'Impossible", Rimbaud évoque la sottise de son enfance (fier de n'avoir ni pays, ni ami, quelle sottise c'était). Il évoque l'Orient, la sagesse première et éternelle (Vous êtes en Occident mais libre d'habiter dans votre Orient) et la science (Ah ! la science ne va pas assez vite pour nous !). Dans "L'Éclair", tout rêve, tout mysticisme apparaissent vains, alors qu'avec "Matin" l'expression de l'espoir prend le dessus. Enfin, Rimbaud explique avec"L'Adieu" qu'il ne lui reste plus qu'à s'astreindre au travail, lui qui s'est dit mage ou ange, dispensé de toute morale. Il est rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Une saison en enfer ne se referme pas comme l'enfer, elle ouvre sur une aurore (Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes) et sur la possible possession d'une vérité (Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps). Son adieu n'est pas seulement un adieu aux damnés (Tous les souvenirs immondes s'effacent), mais un adieu à la vieillerie politique (La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe), celle des chansons à refrain, des romances pour une poésie absolument moderne.
Rimbaud a assumé financièrement lui-même la publication de son recueil "Une Saison en enfer", probablement en septembre 1873. L'œuvre a été imprimée à Bruxelles à 500 exemplaires. Ce n'est qu'en 1901 qu'un bibliophile belge, Léon Losseau, a découvert les brochures qui n'avaient jamais été mises en vente. Cependant, il faudra attendre 1914 pour que "Une saison en enfer" soit diffusé.
Verlaine salua l'oeuvre comme une espèce de prodigieuse autobiographie psychologique, écrite dans cette prose de diamant qui est sa propriété exclusive. Ernest Delahaye nuança le propos en signalant que l'oeuvre contenait un peu de confidence, des lambeaux de confessions.
Rimbaud n'a que 19 ans lorsqu'il écrit ce recueil, témoignage de son errance Londonienne avec Verlaine. Le recueil s'ouvre sur une remémoration idyllique de sa jeunesse "Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient" en contraste avec sa sale éducation d'enfance. La suite de cette anthologie personnelle tourne vite à l'autodérision et à la repentance. Après un "Prélude" où le poète annonce qu'il a failli devenir fou, qu'il a failli mourir aussi, Rimbaud retrace l'itinéraire qui l'a presque mené à sa perte. D'abord, dans "Mauvais sang", il entonne le refrain de son infériorité génétique et généalogique ("Je suis de race inférieure"), il remonte jusqu'à ses ancêtres gaulois, antiques, brutaux et vicieux, pour expliquer qu'il est issu d'une race esclave ("Je suis de race inférieure de toute éternité) et que, né d'ancêtres qui ont couru les Sabbats et traversé l'Europe pour rejoindre les Croisades, l'ordre social lui a toujours été étranger. Dans "Mauvais sang", le damné est représenté tour à tour en voyageur maudit, en forçat sur lequel se referme le bagne, en nègre soumis à la brutalité du colon, en recrue appelée à devenir chair à canon. Dans "Nuit de l'enfer", d'abord intitulé "Fausse conversion", Rimbaud regrette ne pas avoir assumé la part païenne de son héritage et d'avoir au contraire succombé au mysticisme chrétien (le "nègre" et le "païen" sont des symboles de survie et de résistance aux méfaits corrupteurs de l'ordre social, moral et culturel. D'autres errements, l'homosexualité, (Vierge folle, l'Epoux infernal), sont contés dans "Délires I". Une des figures rimbaldienne de la damnation est évidemment l'homosexualité, vécue comme une anormalité morale et comme une singularité. Dans Délires I, c'est Verlaine (La vierge folle) qui fait le récit de sa vie commune avec Rimbaud (l'époux infernal) durant leur errance Londonienne. Le poète s'habitue à l'hallucination simple dans Délires II (Alchimie du verbe). Il trouve sacré le désordre de son esprit (j'aimais les peintures idiotes, j'inventais la couleur des voyelles). Il reconnait la multitude de ses folies (Je me vantais de posséder tous les paysages possibles, je croyais à tous les enchantements, j'écrivais des silences, je fixais des vertiges). Cette section de "Une Saison en enfer" semble retracer l'expérience de la voyance. Les quatre chapitres qui suivent présentent le retour progressif à la raison (m'étant retrouvé deux sous de raison), cheminement entrecoupé de quelques mirages et de quelques désespoirs (Par l'esprit on va à Dieu ! Déchirante infortune). Dans "'L'Impossible", Rimbaud évoque la sottise de son enfance (fier de n'avoir ni pays, ni ami, quelle sottise c'était). Il évoque l'Orient, la sagesse première et éternelle (Vous êtes en Occident mais libre d'habiter dans votre Orient) et la science (Ah ! la science ne va pas assez vite pour nous !). Dans "L'Éclair", tout rêve, tout mysticisme apparaissent vains, alors qu'avec "Matin" l'expression de l'espoir prend le dessus. Enfin, Rimbaud explique avec"L'Adieu" qu'il ne lui reste plus qu'à s'astreindre au travail, lui qui s'est dit mage ou ange, dispensé de toute morale. Il est rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Une saison en enfer ne se referme pas comme l'enfer, elle ouvre sur une aurore (Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes) et sur la possible possession d'une vérité (Il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps). Son adieu n'est pas seulement un adieu aux damnés (Tous les souvenirs immondes s'effacent), mais un adieu à la vieillerie politique (La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe), celle des chansons à refrain, des romances pour une poésie absolument moderne.
Rimbaud a assumé financièrement lui-même la publication de son recueil "Une Saison en enfer", probablement en septembre 1873. L'œuvre a été imprimée à Bruxelles à 500 exemplaires. Ce n'est qu'en 1901 qu'un bibliophile belge, Léon Losseau, a découvert les brochures qui n'avaient jamais été mises en vente. Cependant, il faudra attendre 1914 pour que "Une saison en enfer" soit diffusé.
Verlaine salua l'oeuvre comme une espèce de prodigieuse autobiographie psychologique, écrite dans cette prose de diamant qui est sa propriété exclusive. Ernest Delahaye nuança le propos en signalant que l'oeuvre contenait un peu de confidence, des lambeaux de confessions.
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