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Bonsoir est-ce que vous pouvez m'aidez a répondre a des questions svp

Le lendemain de mes quinze ans, j’apprenais enfin ce que j’avais toujours su. J’aurais pu moi aussi coudre l’insigne à ma poitrine, comme ma vieille amie, fuir les persécutions, comme mes parents, mes chères statues. Comme tous ceux de ma famille. Comme leurs semblables, ces voisins, ces inconnus, dénoncés par la dernière syllabe de leurs noms en sky, en thal ou en stein. Je découvrais tous ceux qui me l’avaient dissimulé marqués par cet adjectif si encombrant, si coupable. Louise ne me parlait plus de la foule anonyme des victimes, mais d’elle, de son corps torturé, marqué durant la guerre par une nouvelle singularité : cet insigne, lourd au point d’accentuer sa démarche cahotante. Elle me disait les phrases qui l’avaient giflée, les panneaux humiliants, les portes fermées, les sièges interdits. Sa surprise, le port de l’étoile devenu obligatoire, lorsqu’elle avait découvert la véritable identité de certains de ses voisins. L’épicier du coin de la rue, au nom si français. Le couple de retraités du pavillon d’à côté, le médecin du quartier, de même que le si désagréable pharmacien, qu’elle pensait antisémite. La tache jaune les désignait au regard des autres mais leur permettait aussi de se reconnaître, soudant une communauté qui, à force de se dissimuler, s’était parfois ignorée.
J’avais quinze ans et cette nouvelle donne changeait le fil de mon récit. Qu’allais-je faire de cet adjectif, collé à ma silhouette décharnée, semblable à celles que j’avais vues flotter dans des pyjamas trop grands ? Et comment allais-je l’écrire sur mes cahiers, avec ou sans majuscule ? Un qualificatif venait s’ajuter à ma liste : je n’étais plus seulement faible, incapable ou inapte. A peine la nouvelle venait-elle de tomber des lèvres de Louise que déjà cette identité me transformait. Toujours le même, j’étais devenu un autre, curieusement plus fort.
Philippe GRIMBERT, Un secret, Le livre de poche, p.72-73
I-Questions ( /15)
1.Que découvre le narrateur le jour de ses quinze ans ? Justifiez votre réponse. ( /1)
2.Relevez avec précision deux expressions soulignant un paradoxe, au début et à la fin de l’extrait. ( /1)
3. a) De quel « insigne » le narrateur parle-t-il à la ligne 2 ? ( /0,5)
b) Relevez deux groupes nominaux le désignant dans le même paragraphe. ( /1)
c) Parmi ces deux groupes nominaux, lequel est une métonymie ? ( /0,5)
4. a) Relevez une périphrase évitant l’emploi de l’adjectif « juif ». ( /1)
b) Pourquoi le narrateur n’emploie-t-il pas directement ce mot ? ( /0,5)
5.Donnez la nature et la fonction des expansions du nom suivantes : « mes chères statues » (l.3), « lourd » (l.7), cahotante » (l.8), « qui l’avaient giflée » (l.8) et « fermées » (l.9) (/2,5)
6. a)Relevez deux phrases nominales dans le premier paragraphe. ( /1)
b) Quel est l’effet produit par ces phrases ? ( /0,5)
7.Mettez à la voix passive : « Elle me disait les phrases qui l’avaient giflée » (l.8) ( /1)
8.Expliquez l’accord des participes passés « collé », « décharnée » et « vues » à la ligne 16. ( /1,5)
9.Que le narrateur nous apprend-il de sa silhouette, dans le deuxième paragraphe ? A quoi la compare-t-il ? ( /1


Répondre :

Bonsoir,

1.Que découvre le narrateur le jour de ses quinze ans ? Justifiez votre réponse. ( /1) 
A 15 ans le narrateur découvre qu'il est juif. 'J'aurais pu coudre l'insigne sur ma poitrine"
2.Relevez avec précision deux expressions soulignant un paradoxe, au début et à la fin de l’extrait. ( /1)
"
j’apprenais enfin ce que j’avais toujours su"
 "j’étais devenu un autre, curieusement plus fort".

3. a) De quel « insigne » le narrateur parle-t-il à la ligne 2 ? ( /0,5)
Cet insigne est l'étoile jaune 

b) Relevez deux groupes nominaux le désignant dans le même paragraphe. ( /1)
le port de l’étoile devenu obligatoire
La tache jaune 

c) Parmi ces deux groupes nominaux, lequel est une métonymie ? ( /0,5)
La métonymie est une figure de substitution qui consiste à nommer un objet par le nom d'un autre. ex. : boire un verre 
"La tache jaune" est une métonymie.

4. a) Relevez une périphrase évitant l’emploi de l’adjectif « juif ». ( /1)
"Comme leurs semblables, ces voisins, ces inconnus, dénoncés par la dernière syllabe de leurs noms en sky, en thal ou en stein"

b) Pourquoi le narrateur n’emploie-t-il pas directement ce mot ? ( /0,5)
"Je découvrais tous ceux qui me l’avaient dissimulé marqués par cet adjectif si encombrant, si coupable".
Le mot juif, selon le narrateur, est synonyme de "coupable" mais aussi synonyme de faible, incapable ou inapte.

5.Donnez la nature et la fonction des expansions du nom suivantes : « mes chères statues » (l.3), groupe nominal expansion qui qualifie les parents du narrateur,  « lourd » (l.7) adjectif qualificatif, épithète en apposition de insigne , cahotante » (l.8) adjectif qualificatif, épithète de démarche, « qui l’avaient giflée » (l.8) proposition subordonnée relative complément de l'antécédent "phrases"  et « fermées » (l.9) (/2,5) adjectif qualificatif, épithète de "les portes".

6. a)Relevez deux phrases nominales dans le premier paragraphe. ( /1)
"
Comme tous ceux de ma famille"
"Comme leurs semblables, ces voisins, ces inconnus, dénoncés par la dernière syllabe de leurs noms en sky, en thal ou en stein".

b) Quel est l’effet produit par ces phrases ? ( /0,5)
Un effet de multitude du nombre de personnes concernées.

7.Mettez à la voix passive : « Elle me disait les phrases qui l’avaient giflée » (l.8) ( /1)
Elle me disait avoir été giflée par des phrases.

8.Expliquez l’accord des participes passés « collé », « décharnée » et « vues » à la ligne 16. ( /1,5)
Collé 
→ se rapporte au nom masculin singulier "adjectif"
Décharnée → se rapporte au nom féminin singulier "silhouette"
vues → se rapporte à "celles" féminin pluriel mis pour l'ensemble des "silhouettes qui flottaient dans des pyjamas trop grands"

9.Que le narrateur nous apprend-il de sa silhouette, dans le deuxième paragraphe ? A quoi la compare-t-il ? ( /1)
Le narrateur nous apprend qu'il est maigre "ma silhouette décharnée", Il l'a compare à des silhouettes inconnues vues flotter dans des pyjamas trop grands (probablement les personnes maigres des camps de concentration vêtues de pyjamas uniformes).